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From India with Love

Juin 2016

Mais non, ce n'est pas le titre du dernier James Bond ! La simple évocation du nom "Inde" renferme déjà une puissance inexplicable. Des images surgissent. Beaucoup de préjugés. Une part de mystère aussi. Voyager en Inde, c'est forcément troublant. Je confirme. Revenir d'un voyage en Inde, l'est tout autant. Voire plus. Je confirme. Depuis mon premier pèlerinage indien en mars 2009, mon regard a changé. Mon coeur a chaviré. Mes idées ont été bousculées. Ma vie a pris un autre chemin. J'ai fait une croix sur pas mal de trucs.

Pays insaisissable, Mother India tient ses promesses. Vous n'en reviendrez pas indemne. Et tant mieux ! Etriqués dans une Europe parfois (souvent ?) arrogante ou faussement bien-pensante. Qui se permet de donner des leçons aux autres pays. Qui se croit investie d'une mission néocolonialiste. Qui s'est tristement dé-spiritualisée. Baignés dans un Occident qui persiste dans un consumérisme stérile, qui n'arrive pas à se défaire de son image de "Vieille Europe" éduquée, civilisée, avancée... Convaincus de détenir une forme de vérité despotique sur le bien-être, la démocratie, la liberté... Vraiment ? Jeanne d'Arc, Napoléon, Louis XIV et consorts, c'est de l'histoire ancienne. Et ce n'était pas brillant.

L'Inde, elle, vous met toutes les vérités en pleine figure, sans détours, sans emballage marketing. Et ça, il faut pouvoir l'accepter (dans le cas contraire, mieux vaut prendre ses jambes à son cou le plus vite possible). L'intégrer, le digérer. Le comprendre ? Impossible. Des ordures qui s'entassent aux abords de la voie ferrée Delhi-Haridwar, des infirmes sans jambes circulant sur un skate-board qui viennent vous demander quelques roupies ou un chai. Des hommes hirsutes, le regard hagard, qui dorment dans la rue, en pleine cacophonie, imperturbables enroulés dans une couverture. Des enfants qui, les pieds dans de simples tongs, cassent d'énormes pierres à main nue. Des femmes qui travaillent dur, très dur. Des bûchers de crémation qui fument le long du Gange, sous votre regard incrédule. Cette année, j'ai carrément vu passer un cadavre - il flottait à quelques mètres de moi. Mais l'Inde c'est aussi des paniers d'offrandes délicatement fleuris qui se laissent emporter par les flots du fleuve sacré. Des sourires d'enfants et de femmes à vous faire tomber à genou. Des odeurs de bois de santal se dégageant des multiples bâtons d'encens déposés un peu partout. Des paroles pleines de sagesse qui vous laissent sans voix. Des gestes d'une rare finesse. Des temples colorés et joyeux. Des yeux brillants.

Dans cette confusion totale qui semble régner dans les rues, dans les trains, dans les gares, dans les marchés, la vie bat son plein. La vie. Le mouvement. Tout le temps. Mais les Indiens paraissent étrangement calmes, centrés. "Theek hai" - tout est normal ! Ce qui me heurte, c'est ce manque de vie quand je reviens "au pays". L'absence de mouvement, de couleurs, de bruits, d'odeurs. J'ai l'impression que tout est aseptisé. Mort. Au secours ! Vite, donnez-moi ma dose de vie, en intraveineuse. Pour un effet plus rapide. En avril 2016, je suis revenue de mon huitième voyage en Inde. Toujours dans le même petit coin, dans l'état d'Uttarakhand, entre Gange et Himalaya. A Rishikesh pour le yoga puis à Guptakashi, dans l'Himalaya, pour un retour au calme, à la nature exubérante, aux temples millénaires. J'aime ce pays pour tout ce qu'il me donne. J'aime ce pays parce qu'il m'a ouvert les yeux. Il m'ouvre encore les yeux. J'aime ce pays pour tout ce qu'il est, le pire et surtout le meilleur. En Inde, c'est clair : il faut prendre le "package", ou alors jeter l'éponge ! J'ai fait mon choix. Ou plutôt il s'est imposé de lui-même. In India, I feel at home. OM.

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